'Laudato Si ' - Le pape François dit à l'Eglise : “lève-toi !”

 

Evangile selon Marc, 5, 21-43. « Jésus lui dit “Talitha, koum”, ce qui signifie “jeune fille, je te le dis, lève-toi” » : 

 

  

Aussi insolite que cela puisse paraître à l'observateur français, le catholicisme reverdit ! Le pontificat de François marquera un tournant historique : l'instant où la parole du pape, résonnant dans le monde et prenant à revers l'immobilisme des vieux pays riches, aura fait savoir aux cinq continents que le christianisme est un renouvellement permanent : il « se repense toujours et se réexprime dans le dialogue avec les nouvelles situations historiques, laissant apparaître ainsi son éternelle nouveauté » (Laudato Si, § 121).

Le catholicisme échappe ainsi aux partis politiques et aux lobbies économiques qui auraient voulu l'annexer.

C'est particulièrement net à la lecture de l'encyclique. Le pape appelle à une « révolution culturelle courageuse » (§ 114), une « culture écologique » qui devrait être « un regard différent, une pensée, une politique, un regard éducatif, un style de vie et une spiritualité » (§ 111) ; il appelle à changer « l'actuel système mondial devenu insoutenable » (§ 61), à contester les politiques soumis « à la technologie et aux finances » (§ 54), à en finir avec  « une conception magique du marché » ( § 190)... Lisons l'encyclique tout au long : il est clair que la posture libérale est devenue intenable dans le catholicisme.

Ça en irrite quelques-un(e)s. J'ai des échanges de balles sur Twitter avec des demoiselles crispées contre l'écologie du pape : déclarant s'en tenir à ce qu'elles appellent « écologie humaine » (dans un autre sens que l'encyclique), elles invoquent « le Magistère antérieur » contre le Magistère de François... Leur nervosité s'explique-t-elle par le métier de leur papa ? Je n'en sais rien, mais on envie de leur dire (comme Jésus à la fille de Jaïre*) : Talitha koum, « jeune fille, lève-toi ». Lève-toi de ce sommeil morbide...

C'est le sommeil de ces Français refusant que le catholicisme « se repense toujours et se réexprime dans le dialogue avec les nouvelles situations historiques**, laissant apparaître ainsi son éternelle nouveauté ». J'imagine le pape argentin se penchant sur cette France-là comme il se penche sur toute l'Eglise : jeune fille, je te le dis, lève-toi.

« “Jeune fille, lève-toi pour moi, non pas en raison de ton mérite, mais par l'action de ma grâce. Lève-toi donc pour moi : ta guérison ne vient pas de ta force”... Que Jésus nous touche ainsi et aussitôt nous marcherons. Bien que nous soyons paralysés, bien que nos oeuvres soient mauvaises et que nous ne puissions pas marcher, bien que nous soyons couchés sur le lit de nos péchés, si Jésus nous touche, aussitôt nous serons guéris » (saint Jérôme, homélies sur l'évangile de Marc). Nous marcherons avec notre Eglise, l'Eglise vivante. Et nous irons avec elle, là où nous n'aurions pas eu l'idée d'aller.

 

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* évangile de ce dimanche : Marc 5, 21-43.

** idée évidemment révoltante aux yeux de ceux qui arrêtent l'histoire en 1944. Ou en 1789.